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mains des femmes et, maîtresses des destinées de la République, établissent une constitution de leur choix.

C’est le pur communisme et, avant la lettre, le bolchevisme. Tout à tous et tous à toutes, telle en est la formule. Et la république d’Athènes est déjà, pour le plus grand bonheur de ses citoyens épris de changement et de nouveautés, une gynécocratie. Bien des répliques seraient à relever dans ces deux pièces, et qui montrent qu’à Athènes déjà on était familiarisé avec le féminisme, ses prétentions et ses arguments, que déjà aussi il apparaissait, tel plus tard à nos bourgeois français de 1848, comme intimement lié à des théories subversives du droit sacré de propriété et de tout l’ordre social.

« Nous jugions fort bien ce que vous faisiez, et souvent nous vous avons vu prendre dans nos maisons de mauvais partis sur des affaires importantes ; alors, rongées de soucis, nous vous demandions d’un air riant : « Qu’avez-vous fait afficher sur la « colonne au sujet des traités ? »

— La guerre est le partage des hommes. N’est-il pas outrageant que des femmes qui n’ont pris aucune part aux fatigues de la guerre veulent vous travailler tout cela comme de la laine ?

— Mais, ô homme, nous supportons plus de la moitié du fardeau de la guerre, nous qui avons mis avec peine nos enfants au jour et les avons vus partir chargés d’armes ? »

Voilà, en deux répliques, les arguments essentiels du féminisme politique.

Et tandis que Lysistrata parle ainsi, Praxagora organise une société communiste où « tout le monde