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LES AMAZONES

au nom des grandes divinités féminines terrestres ou lunaires, commandaient à leur nation. Les Amazones ne sont donc pas des femmes qui veulent ressembler aux hommes, mais des hommes qui veulent ressembler aux femmes.

Universalité de la légende. — Il y a dans cette thèse paradoxale une lueur de vérité. Les Amazones ne sont pas une pure fiction des poètes. Ceux-ci ont amplifié, embelli la réalité. Sans doute la lutte des cultes solaires contre les cultes lunaires, les prêtresses de la sanglante Artémis Taurique, l’allure efféminée de guerriers orientaux sont autant d’éléments qui ont contribué à prêter au mythe des Amazones de riches développements. Ce mythe néanmoins repose sur une réalité. Car la légende des Amazones n’est pas hellénique seulement, mais universelle : les traditions slaves, germaniques, celtiques ; les récits des chroniqueurs indous, des annalistes chinois célèbrent, comme l’épopée grecque et romaine, les exploits d’invincibles guerrières. Et en fait, nombre de peuples ont admis pendant longtemps, comme l’avaient fait leurs ancêtres, la participation des femmes aux combats. Nombre de peuples ont accepté que chez eux les femmes commandent, à la guerre comme dans les temples des dieux. Chose remarquable, pour les Grecs, les Romains, les Indous, les Chinois, ces peuples sont tous « des barbares », ceux qui ne connaissent ni les lois de Solon, ni la loi de Manou, ni la loi de Numa, ni la loi de Confucius, les peuples en un mot chez