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HISTOIRE DU FÉMINISME

cultes lunaires ; leur disparition, l’image de l’effacement, dans les religions antiques, du principe féminin devant le principe masculin.

Il n’empêche d’ailleurs, ont dit plusieurs auteurs, que les Amazones n’aient existé : guerrières non, mais prêtresses.

Chez tous les primitifs vécurent des castes de prêtresses, chargées de faire aux divinités infernales ou aux dieux de la guerre de sanglants sacrifices. Les Amazones sont les prêtresses de la déesse Ma-Bellone qui, comme la déesse indoue Kali, comme la rouge Artémis de Tauride, exige qu’on répande devant elle du sang masculin. De même agirent les Druidesses bretonnes. Et l’imagination antique, voyant dans toutes ces prêtresses des « tueuses d’hommes », les transforma en une nation féminine révoltée contre le sexe fort.

Explications enfantines ! s’écria voici quelques années un érudit allemand ; les Amazones ! mais ce sont tout simplement des hommes habillés en femmes. Et, s’appuyant sur une phrase assez obscure d’un auteur grec de la décadence, un historien de Leipzig, de le démontrer en mobilisant pour ce faire histoire, archéologie, numismatique, linguistique : les Amazones ne sont autres que les Hittites ou Hétéens, qui effectivement dominèrent en ce pays d’Asie Mineure où les légendes placent l’empire des Amazones. Leurs longs vêtements flottants et ornés à la mode barbare de broderies, leurs longs cheveux, la mollesse de leur allure les ont fait prendre pour des femmes. Effectivement, ils tenaient à se rapprocher le plus possible par leur aspect des femmes qui, chez eux, étaient reines et grandes prêtresses, et,