Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

326 HISTOIRE DU FEMINISME

ces professions libérales qu’on lui marchande, la femme ne les exercera que si ses aptitudes l’y destinent, et dans ce cas pourquoi priverait-on d’énergies utiles la société ? Mais qui pourrait soutenir sérieu-sement que, dans l'Europe épuisée par la guerre, la question de la concurrence des sexes se pose, alors que tous les pays ont besoin pour revivre de toutes leurs intelligences comme de tous leurs bras ? Sans doute les poètes voient dans le féminisme un simoun desséchant, capable de brûler en sa fleur l'idéale jeune fille d’antan, de transformer en êtres sans sexe et sans cœur celles dont le charmant caprice et les abandons délicieux les inspirèrent, et de porter, pour tout dire, le coup mortel au divin Éros. Mais regardons autour de nous, dans le monde qui se transforme : l’éternel féminin est plus fort que les lois, plus fort que les révolutions sociales et les bouleversements économiques. Il est un des aspects, l'une des forces de la nature... et la femme nouvelle saura comme l'ancienne inspirer les aèdes et les amoureux. Mais que nous considérions le mouvement féministe dans son principe ou dans ses résultats comme heureux ou néfaste, nous ne saurions arrêter le cours des choses, ni éviter la grande révolution qui, peu à peu, s’accomplit.

FIN