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En Occident et en Amérique même, la femme politiquement émancipée reste encore handicapée dans la lutte pour la vie par les lois qui régissent le mariage et qui, dès qu’elle a lié sa destinée à celle de l’homme, fait d’elle une « morte civile ». Aussi a-t-elle au cours de la guerre combattu aussi pour briser les entraves légales et réussi à en relâcher quelques-unes.

Dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique, toutes les lois qui interdisaient aux femmes mariées les emplois publics ont été abolies ; la signature de femmes, appelées par la force des choses à tenir, dans les villages envahis du nord de la France, le rôle de mairesses, a été, contrairement à la législation napoléonienne, tenue pour légalement et administrativement valable, comme l’exigeait l’intérêt majeur du pays. Des femmes ont exercé par délégation la puissance paternelle. Ainsi s’est créée une jurisprudence favorable et qui bientôt doit transformer la loi. Poussant jusqu’à son terme l’évolution qui, dans les autres pays, à peine s’indique, la Finlande a, en 1917, réformé complètement son Code civil. D’après la législation finlandaise, la femme mariée reste l’égale de l’homme : tout contrôle marital est levé, et il lui est possible d’engager toute action devant les tribunaux, d’exercer tout métier, d’agir librement en toute circonstance comme si elle était fille ; son droit sur l’enfant est égal à celui du père. Aboutissant logique et un peu inquiétant d’ailleurs de telles réformes, le divorce par consentement d’un seul est établi.