Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA MOISSON DANS LES RUINES


L’Union sacrée féminine. — Les femmes au travail et à la guerre. — Le renouveau de la propagande féministe. — Les nouvelles victoires. — La femme et la révolution. — Les derniers liens qui tombent. — Les femmes et la Société des Nations.

À la veille du plus grand bouleversement qu’enregistre l’histoire, c’est seulement sur quelques petites terres lointaines que le féminisme a conquis droit de cité. Seules la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, quelques États de l’Union ont fait pleinement confiance aux femmes. Mais d’autres leur ouvrent toutes grandes les carrières masculines, les admettent à participer à la vie municipale, affranchissent leur salaire, leur fortune, leur personne. Partout l’homme relâche, ou elles brisent les antiques chaînes. Si les lois se montrent encore avares, plus généreuses, les mœurs les précèdent. Et l’opinion publique d’abord violentée, encore rebelle, est prête à admettre la possibilité d’accorder aux femmes une participation plus ample aux affaires de la cité, la nécessité de les appeler à l’aide aux jours de crise. Quand, sur toute l’Europe, répond au bourdonnement des cloches le tonnerre des canons, les femmes sont prêtes à recueillir le fruit de leurs longues luttes. Et avec elles leurs pays, qui profiteront de leur expérience, de leur aptitude à manier