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Une girl décidée à faire énergiquement sa vie. Celle-ci fréquente les écoles professionnelles de jardinage ou d’horticulture, cet autre l’école normale d’où elle sortira institutrice, celle-là, l’université. Voilà d’ailleurs, manifestant sa volonté de vivre sa vie, à la manière d’une héroïne d’Ibsen, une nouvelle femme, Mme  Sandra Sère, qui, veuve d’un xchatrya, abandonne sa caste pour épouser un homme qu’elle aime ; abandonner sa caste, c’est renoncer à ses biens, à sa famille, à sa religion, c’est soi-même s’excommunier et se vouer au mépris ! Heureuse d’ailleurs d’avoir foulé les préjugés, — et elle est peut-être la première femme aussi déterminée qu’ait vue l’Inde, — Mme  Shandra Sere propage dans son pays le féminisme.

À la veille de la guerre, apparaît une société suffragante dont l’activité se justifie par des arguments comme ceux-ci : les femmes de Madras, celles même de Rangoon, la ville birmane aux pagodes d’or, possèdent le suffrage municipal et ne semblent pas en mésuser… Combien sont-elles cependant, ces femmes nouvelles? quelques centaines, quelques milliers ou plus encore ?… mais la population féminine de l’Inde dépasse le chiffre de cent cinquante millions !

La Chine, le Japon, offrent un spectacle presque pareil à celui de l’Inde. Là, des centaines de millions de femmes qui ont à peine conscience de leur assujettissement, et quelques-unes qui songent prématurément à faire de leurs sœurs les égales des femmes d’Occident. Telle, en Chine, cette Soumé-Tcheng qui, à six ans, refusait de se laisser mutiler les pieds, s’envolait à seize ans vers le Japon où elle s’initiait à la culture d’Occident et bientôt préparait,