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tent plus de travailler avec les émancipateurs. Des vides déjà se sont creusés dans les rangs masculins ; et déjà, comme au cours de la récente guerre, on a fait appel à des femmes pour les combler. Déjà des femmes pénètrent dans l’administration impériale, déjà exercent des doctoresses. Et, tandis qu’elles se réunissent pour donner aux soldats, aux blessés toute leur aide, elles prennent conscience de leur force et de leurs droits. Premier groupement féminin, la Société de secours mutuel des Femmes russes devient bientôt une société féministe et combat pour l’affranchissement. Bientôt, et tandis que les masses populaires battent de leurs flots le palais impérial, l’Union russe pour les droits de la Femme poursuit dans le pays une active propagande : l’égalité politique des sexes fait partie de leur vaste programme de réformes.

Fidèles à leurs traditions, les femmes russes continuent, en combattant pour elles-mêmes, de lutter pour le peuple entier… Plus que les femmes d’Occident, elles ont l’habitude de parler au peuple : les ouvrières, les paysannes mêmes sont touchées et, de la ligue des paysans comme du parti social-démocrate, arrivent de nombreuses adhésions. Au sein de la première Douma se constitue un groupe parlementaire des droits de la Femme. Faux espoirs, trompés comme tant d’autres par une prompte réaction. Du moins, le parti féministe est né ; il montrera plus tard sa force.