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totalement illettrées, étaient profondément indifférentes aux affaires de leur pays.

Cependant vers 1909, quelques femmes seulement, des intellectuelles, très actives, prennent l’initiative d’un mouvement que dirige une femme de lettres en vue, Mme  Castro Osorio. Celle-ci fonde deux sociétés féministes : la Ligue Républicaine des Femmes et l’Association de Propagande féministe, et, un journal, la Femme portugaise. La masse féminine sans doute reste indifférente. Mais les hommes d’État sont favorables.

Dans l’esprit de ces politiciens, la République doit rendre sa prospérité et son éclat à un pays déchu aujourd’hui de son rôle glorieux. Et pour cette œuvre, la collaboration des femmes leur a paru utile et nécessaire. Aussi, les hommes politiques les plus en vue, Bernardino Machado, Sousa Costa, se montrent-ils féministes convaincus. L’un déclare que la femme a le droit de faire de la politique, puisqu’elle a le droit de s’occuper d’elle-même et de ses enfants ; l’autre, qu’à la situation supérieure ou abaissée de la femme se reconnaît la valeur d’une civilisation.

En 1912 même, on annonça, un peu prématurément, l’élaboration d’une loi électorale accordant aux femmes pourvues d’un diplôme universitaire le suffrage politique. Mais Mme  Castro Osorio et leurs disciples en restèrent pour leurs espérances.

C’est la révolution encore qui crée le féminisme russe, hier perdu au sein du nihilisme. Au cours de la guerre russo-japonaise, les femmes ne se conten-