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se prononcer en leur faveur, elles se heurtent, tout comme leurs sœurs anglaises, à l’hostilité des conservateurs. Et nul progrès, sinon un élargissement du vote municipal.

S’opposant, aux heures mêmes de leur union, au vieux pays aristocratique des Wasa, et, dès la fin du dix-neuvième siècle, démocratie égalitaire, progressive et sans préjugés, la Norvège avait émancipé l’épouse (devenue pleinement maîtresse de ses biens), ouvert à tous et à toutes les carrières libérales, accueilli les femmes dans les jurys, porté quatre-vingt-dix politiciennes aux conseils municipaux. Mais elles ne peuvent obtenir d’être consultées comme les hommes sur la séparation d’avec la Suède. Alors elles organisent leur propre référendum, et trois cent mille signatures sanctionnent les décisions masculines (1905). Libérée, la Norvège libère les femmes, qui ont bien mérité de la patrie. La loi du 14 juin 1907 leur donne le suffrage ; elles en usent ardemment et, à la veille de la guerre, plusieurs d’entre elles siègent au storthing.

Presque à la même date et dans des conditions presque semblables, triomphent les femmes du pays aux mille lacs.

En Finlande, hommes et les femmes sympathisèrent longtemps dans une commune oppression et une haine commune. Depuis le début du dix-neuvième siècle, la tyrannie russe fut lourde et, selon une très fine remarque de Mme Alice Zimmern, l’historienne anglaise du féminisme, les hommes, privés de toute espèce de droits, « apprirent sans doute par leurs propres souffrances à comprendre la situation des femmes mises hors de la cité ».