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leux voyages — qui les mènent sur les côtes de l’Arabie heureuse, et dans l’Inde, et peut-être jusqu’à Bornéo — ils rapportent, au milieu de leurs cargaisons de richesses, des plantes inconnues que la souveraine se préoccupe d’acclimater en son pays. Avec elle l’Égypte a saisi l’empire économique du monde. Et Hatasou a inauguré une politique : la conquête de l’Inde et des marchés extrême-orientaux qui, d’Alexandre à Vasco de Gama et de la France de Dupleix à l’Angleterre de Victoria, sera celle de tous les maîtres de l’Occident. Le mirage de l’Inde, c’est une femme qui, la première, en a ébloui l’humanité.

Une reine est, par nature et dans d’autres civilisations aussi bien qu’en Égypte, chef politique et administrateur, grand amiral des flottes et général des armées. L’exemple d’Hatasou et vingt autres analogues ne prouveraient pas que l’Égypte ancienne, qui fit aux femmes si large place dans la famille, lui en ait cédé une égale dans la société.

Mais quittons la demeure des dieux pour descendre dans les palais de Thèbes et de Memphis, blottis au fond de jardins frais, où la grande dame se pare de perruques bleues et de colliers somptueux, dans les misérables cabanes de terre et de torchis où vaque la femme du peuple à peine vêtue d’un pagne léger. Celle-ci comme celle-là peut exercer toutes les fonctions religieuses ou civiles.

L’exemple suivant est caractéristique. Dans le tombeau d’un fonctionnaire de l’ancien empire, Amten, on trouve le portrait de ce personnage. Ce personnage est, non pas un homme, mais une femme « très reconnaissable (c’est un égyptologue qui parle)