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braver le précepte du peintre : Ne sutor ultra crepidam. »

L’agitation en faveur du suffrage qui, depuis la fin de l’Empire, a repris avec plus ou moins de force se présente, elle, sous les formes les plus diverses. Comme en Angleterre et en Amérique, sont apparues en France ces sociétés féministes qui seules sont en état de faire une vraie propagande. Léon Richer, qu’on trouve dans le dernier demi-siècle combattant ardemment pour le progrès et qui, dès 1869, a fait paraître un journal féministe, fonde en 1882 la Ligue française pour le droit des femmes. Puis apparaissent l’Égalité et le Conseil national des Femmes françaises, celui-ci plus féminin d’abord que féministe et qui se propose de grouper en une vaste association toutes les sociétés s’occupant de la femme et de l’enfant. Jeanne Schmalh, Maria Chéliga, deux étrangères intelligentes et souples, contribuent à organiser le féminisme français auquel Mme Vincent, qui a connu les combattantes de l’âge héroïque, apporte sa foi d’apôtre, Jeanne Chauvin sa science et sa dialectique, Mme de Morsier son éloquence, et Clémence Royer le poids de son génie. Les Congrès apparaissent, et celui de 1889, le premier, s’ouvre dans une atmosphère d’attention sympathique.

Peut-être la France peu à peu se serait-elle habituée au féminisme, si quelques militantes n’avaient voulu recueillir trop hâtivement des fruits non encore mûrs et passer à l’action directe.

Mme Vincent essaye de se faire porter sur les listes