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tale une brillante situation littéraire. Directrice d’une revue littéraire, le Papillon, qui compta parmi ses collaborateurs Michelet et parmi ses abonnés un khédive fastueux, elle recueille à Paris, en province, à l’étranger même, d’appréciables succès de femme de lettres et de conférencière. Les déboires de sa vie conjugale, la gênante et onéreuse tutelle que, sur la femme séparée, continuent de faire peser les lois, l’ont convertie de bonne heure au féminisme.

À partir du jour où, sous prétexte qu’une femme n’est pas pleinement citoyenne, on lui interdit de faire de sa revue un journal politique, elle lève décidément l’étendard. Elle déclare la Guerre aux hommes et sa Pétition au corps législatif demande pour les femmes tous les droits civils et politiques, suffrage compris. Manifestation isolée d’ailleurs, même dans la vie d’Olympe Audouard, et qui n’empêche que, sous le second empire, le féminisme ne soit resté, comme au dix-huitième siècle, à peu près uniquement littéraire.

La guerre, la révolution du 4 septembre, le siège de Paris, la Commune ont sur l’esprit des femmes à peu près les mêmes répercussions que la prise de la Bastille, la première invasion du territoire et la Terreur. Le féminisme prend un caractère belliqueux et révolutionnaire et les femmes qui, aux jours tragiques de la défaite, surgissent, à Paris surtout, de la bourgeoisie ou du plus profond du peuple, se