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femme mariée une morte civique… Ainsi il usurpe les prérogatives de Jéhovah qui seul peut assigner aux hommes leur sphère d’action… » Donc le devoir de la femme est de repousser la loi de l’homme pour obtenir la justice. Prêche sans doute, et bien différent du positivisme d’Olympe de Gouges, autant d’ailleurs que du mysticisme saint-simonien ! C’est ce prêche qui donnera pour ainsi dire le la à tout le féminisme américain. En lui le souvenir des paroles de Jefferson et l’écho des cantiques. Désir de participer aux affaires de l’Église, qui n’effleure même pas la femme catholique, mais doit venir à l’adepte d’une religion comme le protestantisme, où tout être raisonnable est son propre prêtre ; souci de la morale unique, c’est-à-dire non de la liberté de la femme, mais de la contrainte pour l’homme, affirmation que la femme vaut socialement autant et plus que l’homme et doit, pour elle, pour lui, participer aux affaires de l’État, c’est bien là tout l’esprit du féminisme américain. Et résignées à se voir persécutées, ridiculisées, ses adeptes sont décidées à employer tous les moyens en leur pouvoir pour atteindre l’opinion. Meetings, tracts, brochures, journaux, tout leur sera bon.

Sans dévier d’une ligne et par delà la victoire, les féministes des États-Unis ont suivi les principes posés à Seneca-Falls.