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réunion l’autorisation de demander aux candidats s’ils acceptent et s’ils réclameront à l’Assemblée législative le droit des femmes à l’égalité politique. Assez libéral sans doute, le président l’y autorise et lui permet, en outre, de s’inscrire pour porter sa candidature à l’Assemblée… Début encourageant, mais dont la suite de la campagne ne devait pas tenir les promesses. Huit jours après, la candidate qui veut exposer son programme est arrêtée net par le président ; elle s’obstine et fait appel « à la justice et à la conscience des citoyens contre l’opposition du bureau ». La justice et la conscience des citoyens ne leur inspirent que des huées. Et pourtant, sans trembler devant la grossièreté, sans pleurer devant la moquerie, Jeanne Deroin, fortifiée par le sentiment d’un apostolat, alors presque martyre, reste à la tribune ; sa passion ardente et son courage imposent à la foule ; elle peut parler enfin et flageller de son ironie ces socialistes qui, portant à leur programme la libération des opprimés, veulent, comme les bourgeois, tenir la femme enchaînée… Satisfaction toute platonique et qui n’empêche le rejet de sa candidature… Cinq jours de suite encore, elle renouvelle devant divers comités les mêmes démarches ; jusqu’à ce qu’enfin, le 21 avril, elle obtienne du Comité démocratique socialiste son inscription sur un registre de candidats où déjà figure — porté par quelques hommes — le nom de George Sand. Elle obtint, lors des élections, une quinzaine de voix.

De telles manifestations furent alors absolument stériles. Néanmoins, elles eurent, comme de nos jours celles des suffragettes, leur utilité : elles firent connaître à la masse, qui les ignorait, les reven-