Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

suppression du travail dans les ateliers et les prisons, dont la concurrence avilit la main-d’œuvre féminine.

Mieux, les ouvrières ayant demandé d’être appelées à défendre, auprès des pouvoirs publics, leurs intérêts professionnels, le gouvernement provisoire décide (4 avril 1848) d’admettre auprès de la Commission de Travail des déléguées ouvrières qui collaboreront avec elle pour organiser sur des bases plus justes le travail féminin.

Eût-elle duré, leur collaboration pouvait être féconde. Que d’idées neuves, chez les féministes, touchant le travail de leurs sœurs !

Office de placement national, coopératives de production supprimant les intermédiaires qui prélèvent 75 p. 100 de bénéfice, création dans chaque établissement industriel de restaurants nationaux, de buanderies et de lingeries nationales, où le peuple trouverait à bon marché des soins d’ordre et de propreté qu’il ne peut se procurer dans l’isolement, mais que des femmes, réunies en association, peuvent facilement organiser ; obligation à tout établissement industriel d’installer une crèche où la jeune mère puisse placer son enfant, organisation, à côté des restaurants populaires, de salles de conférence, de salles de réunion et de bibliothèques ; voilà quelques-unes des idées lancées par les féministes de 1848 ; elles parurent utopiques alors, pour ne pas dire ridicules. Elles n’étaient qu’anticipations cependant, et si l’on avait vraiment et autrement qu’en paroles organisé le travail, si les femmes avaient eu voix au chapitre pour l’organisation du travail féminin, on n’eût pas attendu soixante-dix ans encore et la