Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée

manière : pour la première fois, le féminisme a ses journaux, ses journaux quotidiens, et que leur prix modique rend accessibles non aux bourgeoises seulement, comme la Gazette des Femmes, mais à la masse féminine et masculine.

Avec la Voix des Femmes, la Politique des Femmes, l’Opinion des Femmes, sans compter des feuilles mort-nées, telles l’Enfer et le Paradis du Peuple ou la République des Femmes, journal des Cotillons, les idées féministes commencent d’être connues du peuple, et non seulement du peuple parisien, mais de la province, mais de l’étranger. Les clubs féminins qui, en 1848 comme en 1789, se sont ouverts dans les départements y font insérer leurs adresses ; des Anglais, telle la quakeresse Jeanne Knight et Robert Owen, y publient leur profession de foi.

Pourvues de moyens d’action plus puissants que leurs devancières, les féministes de la deuxième république semblent en outre avoir poursuivi avec plus de méthode que les fidèles d’Olympe et de Lacombe, et avec une bien moindre dispersion d’efforts, quelques buts très précis.

Le sort des ouvrières, d’abord, les préoccupe. En 1848, il n’est pas rare de voir une ouvrière, qu’elle travaille chez elle ou en atelier, toucher un salaire variant entre cinquante centimes et un franc ; la journée de douze à quatorze heures est courante. Naturellement nos féministes réclament pour les ouvrières de meilleures conditions de travail : augmentation du salaire, diminution de la journée ; et le gouvernement, étant alors décidé à faire tous ses efforts pour l’organisation du travail, accorde aux blanchisseuses la journée de douze heures et la