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du Nil, Enfantin, « roi et pontife de la Jérusalem nouvelle ». Elles ne trouvèrent que désillusions ; celles-ci revinrent bientôt en France ; celles-là, fixées en Égypte, durent gagner durement leur vie et abandonner leur apostolat. La Mère persista à demeurer cachée, et jamais le saint-simonisme ne connut la royauté de la femme.

Le féminisme bourgeois. — La prédication saint-simonienne suscita un puissant mouvement d’idées ; car, d’une part, Enfantin et ses disciples descendaient parfois des nuées métaphysiques et attiraient l’attention du monde sur des problèmes jusqu’alors peu étudiés : le rôle et les droits de la mère, le sort injuste fait aux ouvrières, la capacité politique ou sociale des femmes ; et, d’autre part, tandis que l’Église saint-simonienne ressuscitait le féminisme mystique des Albigeois, de Guillaume Postel, de Boissel, d’autres féministes apparaissaient qui, reprenant : celles-ci la tradition de Christine de Pisan, celles-là la tradition d’Olympe de Gouges et des féministes révolutionnaires, prêchaient l’affranchissement de la femme, sans se préoccuper de trouver pour le justifier d’autres raisons que des raisons raisonnables et humaines… Un féminisme politique renaît alors et, en même temps, chose plus curieuse, apparaît un féminisme chrétien. Certes, les leaders de ces mouvements, bonnes bourgeoises, bonnes mères de famille, n’ont pas pour nous l’intérêt psychologique d’un Enfantin ou d’une Flora Tristan. Leurs physionomies sont peu pittoresques,