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Ils ne voyaient pas sans agacement des clubs féminins naître chaque jour dans les départements, pulluler dans la capitale, et les réceptions courtoises faites aux innombrables délégations féminines qui (tout comme la plupart des délégations masculines) venaient, sous le plus futile prétexte, interrompre le travail de la Convention, dissimulaient mal leur irritation.

Souvent d’ailleurs les clubs féminins, dont toutes les femmes ne goûtaient pas l’activité, étaient la cause de troubles dans les faubourgs. En dehors de quelques rares individualités, Talleyrand, Condorcet, Romme, la plupart des représentants qualifiés de l’opinion, et non les modérés seulement, mais les plus avancés, Robespierre, Marat, avec presque toute la Montagne, Hébert et Chaumette avec les extrémistes, étaient violemment hostiles à toute intrusion des femmes dans la politique.

Au conseil général de la commune, Chaumette tonna contre « ces êtres dégradés qui veulent franchir et violer les lois de la nature… Depuis quand, s’écriait-il, est-il permis aux femmes d’abjurer leur sexe et de se faire homme ? depuis quand est-il d’usage de voir la femme abandonner les soins pieux de son ménage, le berceau de ses enfants pour venir sur la place publique, dans la tribune aux harangues… La nature nous a-t-elle donné des mamelles pour allaiter nos enfants ? » Et il évoquait, aux yeux des citoyennes révolutionnaires, de terribles exemples : Olympe de Gouges, Marie-Antoinette, « la femme Roland, toutes punies de leurs velléités politiques, par l’échafaud ».

Chaumette était l’interprète de la plupart de ses