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Vient la guerre, et immédiatement se lèvent des légions d’Amazones. « Armons-nous, s’écrie, dès le 25 mars 1792, Théroigne de Méricourt, en remettant aux femmes du faubourg Saint-Antoine un drapeau. Armons-nous, nous en avons le droit, par la nature et même par la loi. Montrons aux hommes que nous ne leur sommes inférieures ni en vertu ni en courage… Les hommes prétendent-ils seuls avoir des droits à la gloire ? Nous aussi, voulons briguer une couronne civique et briguer l’honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut-être plus chère qu’à eux… Armons-nous, allons nous exercer trois fois par semaine aux Champs-Élysées… Formons une liste d’Amazones ! »

À la même époque, Pauline Léon vint porter à la tribune de la Législative les revendications guerrières de trois cents citoyennes jalouses de saisir la pique pour combattre la tyrannie. Des armes (piques, pistolets, sabres) et un camp d’instruction, voilà ce qu’elles attendaient de la générosité des Législateurs. Ceux-ci ne firent pas droit à leur demande. Mais spontanément, à Paris et dans un très grand nombre de départements, des légions d’Amazones se formèrent. Le 14 juillet 1792, quatre mille jeunes filles déployèrent leur enseigne à Bordeaux. La plupart de ces légionnaires, pour ne pas dire toutes, se contentèrent, après de plus ou moins curieuses cérémonies, de se réunir périodiquement pour déclamer contre les despotes et faire avec