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publiques. On n’arracherait pas les femmes à leur ménage, pas plus que l’on n’arrache les laboureurs à leur charrue, les artisans à leurs ateliers. »

D’ailleurs, ces deux objections fussent-elles fondées, des motifs d’utilité ne peuvent contre-balancer un véritable droit. La maxime contraire a été trop souvent le prétexte et l’excuse des tyrans.

Les arguments de Condorcet n’ont, on le voit, rien perdu de leur force. Sa conclusion : donner aux femmes l’égalité politique pleine et entière, qui seule mettra en harmonie les principes d’égalité proclamés dans la Déclaration des droits de l’homme et les institutions.

Une conviction ardente, un sentiment généreux de la justice, cette idée féconde que le droit doit, renversant toutes les barrières, se réaliser, animent cette courte et puissante étude, conduite avec une logique vigoureuse par un maître de la dialectique. L’Admission des femmes au droit de cité, c’est la synthèse, la « substantifique moelle » de tout ce qu’on avait écrit, de tout ce que par la suite on écrira sur la question.

Quand, la même année, Boissel fait paraître le Catéchisme du genre humain, il ne semble pas, lui, envisager le problème sous le même aspect. Ce qui surtout le frappe, c’est la subordination de la femme dans la famille, c’est ce sentiment injuste de propriété qui semble inné au cœur de l’époux. L’orgueil masculin est inconcevable, car Dieu, qui a créé l’homme et la femme, n’a fait de chacun d’eux