Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

Condorcet : le philosophe du féminisme. — Bien différents d’ailleurs les porteurs de la lampe de vie : un marquis, leader des philosophes français, dépositaire et exécuteur de la pensée de Voltaire ; un petit bourgeois mystique, à l’esprit nébuleux et nourri d’inconsistantes rêveries, futur membre influent du club des Jacobins ; une actrice, mi-bas-bleu, mi-courtisane, quasi illettrée et au cerveau bouillonnant d’idées ; une romancière anglaise, à l’esprit malade, au cœur généreux ; un raide magistrat prussien, concitoyen de Kant. Condorcet, Boissel, Olympe de Gouges, Mary Woolstonecraft, Théodore de Hippel, tels sont les cinq grands précurseurs. Dans leurs œuvres est inclus entièrement le féminisme moderne, avec toutes ses conséquences, sous tous ses aspects.

Condorcet compose, en 1790, un opuscule sur l’Admission des femmes au droit de cité. « Les hommes, s’écrie-t-il, n’ont-ils pas violé le principe de l’égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en privant les femmes du droit de cité ? »

Acte de tyrannie que celui qui prive douze millions de femmes de leur droit naturel ! Les hommes, il est vrai, n’en jugent pas ainsi. Et c’est justement ce droit naturel de la femme qu’ils contestent en