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pour en être de zélés sectateurs ou des adversaires, à ces théories qui ainsi descendent de la tour d’ivoire du littérateur pour aboutir à des essais pratiques de réalisation ; le gouvernement lui-même obligé, en France du moins, de prendre parti : voilà bien, cette fois, les caractères d’un mouvement féministe.

Ce mouvement, il se dessiné déjà, à l’aurore de la révolution. Lorsque, à la fin de 1788, le roi convoque les états généraux et que se lève une grande espérance, quelques femmes, peu nombreuses et timides encore, attendent des représentants des trois ordres de la nation la réparation de la séculaire injustice. Quelques-unes rédigent, à l’adresse de « Nosseigneurs les membres des états généraux », des suppliques mi-sérieuses, mi-plaisantes. Dans le langage emphatique et précieux de l’époque, elles demandent de n’être pas plus mal traitées que « le noir africain, qui cesse d’être comparé à l’animal stupide dont l’effort féconde la terre nourricière », et à avoir part aux bienfaits de la liberté. Voix timides encore et isolées. Mais à la cause féminine, des hommes politiques de marque, des philosophes réputés, des femmes connues à divers titres vont bientôt apporter leur talent, leur renommée.

Ce n’est pas seulement en France d’ailleurs, qu’au signal parti de la Bastille, s’allume la torche de l’idée, mais aux bords de la Tamise, mais sur les rives mornes de la froide Baltique ; et la même année surgissent, à Paris, à Londres, à Koenigsberg, cinq grands plaidoyers pour l’affranchissement. Merveilleuse génération spontanée ; pour les femmes aussi a lui l’aube des jours nouveaux.