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Nul, en effet, parmi les grands écrivains du siècle, qui n’ait porté son attention sur le problème féminin. En même temps que les hommes, les femmes, celles du moins qui pensent et qui réfléchissent, recommencent, comme elles le firent au seizième siècle et au début du dix-septième, à s’agiter pour l’émancipation au moins morale et intellectuelle de leur sexe. Et sous des plumes féminines, renaissent des apologies.

Les philosophes et la question féminine. — Pas de philosophe, disons-nous, qui, à propos de morale, de théologie, de législation ou de sentiment, n’étudie un des aspects multiples du grand problème que posent dans la famille ou la société les rapports des sexes. Mais combien ils le résolvent différemment suivant leur tempérament et leur système !

Ceux-ci, moralistes avant tout et voyant dans l’émancipation des femmes la cause de tout le désordre moral et par conséquent de tous les malheurs de l’humanité, se proposeront de résoudre la contradiction en ramenant la femme à la primitive servitude : les mœurs seront ainsi en harmonie avec les lois.

D’autres, apercevant au contraire dans l’assujettissement de la femme, dans les lois qui consacrent encore l’inégalité des sexes, les raisons mêmes du déséquilibre moral et social, sont tout près d’accorder à la femme — en théorie du moins — la complète émancipation. Ceux-ci veulent mettre les lois en harmonie avec les mœurs.