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combien d’autres femmes sont réduites à une vie misérable ! Pour les ouvrières, déjà assez nombreuses alors, des salaires de famine, et pour la femme de la bourgeoisie ou de la noblesse, qui n’a pu se marier ou reste veuve et sans fortune, nulle profession possible ; comme le remarquera plus tard l’Anglaise Mary Woolstonecraft, — et la remarque s’applique, à la fin du dix-huitième siècle comme à son aurore, à la France comme à l’Angleterre, — nul moyen pour une femme honnête de gagner sa vie.

Oui, la femme a tous les privilèges, toutes les adulations, tous les honneurs, mais à condition que le hasard l’ait fait naître noble ou du moins riche. Elle n’a, comme femme, aucun droit, et le législation romaine, la théologie dont les jugements ont toujours force de loi et sont ratifiés encore par l’opinion publique, même souvent par ces politiciens ou ces publicistes que la femme mène, la consacre toujours être inférieur. Entre la situation splendide d’une élite féminine et l’assujettissement de la femme toujours proclamé par les lois, entre ce que les femmes peuvent faire et ce qu’on les juge capables de faire, entre la condition des femmes et leur rôle, voilà donc un saisissant contraste. Il serait étonnant que ces philosophes, qui marquent d’un incisif burin les contradictions et les injustices de la société, n’aient pas aperçu dans la condition de la femme l’absurdité la plus grande, ou l’iniquité la plus monstrueuse.

    paysans. Elles participent au mouvement physiocratique, ouvrent des mines, tracent des canaux. Les veuves de maîtres ou de manufacturiers soutiennent avec activité et intelligence les affaires de leur mari.