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d’Autriche, deux régences, donc deux gouvernements féminins.

De 1610 à 1624, de 1643 à 1652, c’est bien l’influence féminine, celle de la reine, celle de ses favorites, celle de ses amies qui domine à la cour. « Tous les plus grands événements de l’histoire de France, dit un vieil écrivain, sont dus à l’influence des femmes de la cour. » Mézeray évidemment exagère… Mais, pour rester dans la note vraie, consultons un contemporain bien informé et qui eut parfois à se louer, souvent à se plaindre de l’ingérence féminine dans la politique, le cardinal Mazarin : « En France, toutes les femmes sont férues de politique plus qu’en aucun autre pays. Vos femmes, dit-il à un ambassadeur d’Espagne, ne songent qu’à plaire à leurs maris ou à leurs galants… Les nôtres, soit prudes, soit galantes, soit jeunes, sottes et habiles, veulent se mêler de toutes sortes de choses. Une femme de bien ne… « dirait pas de tendresses » à son mari, ni une coquette à son galant, s’ils ne leur avaient parlé ce jour-là d’affaires d’État. Elles veulent tout voir, tout connaître, tout savoir et, qui pis est, tout faire et tout brouiller… Nous en avons, entre autres, qui mettent plus de confusion qu’il n’y en eut jamais en Babylone. »

Que la boutade du cardinal contienne une grande part de vérité, les événements, amplement, l’ont démontré. Pendant ces années, brillantes et d’ailleurs stériles, où ressuscite avec toute sa force, toute sa vigueur l’esprit féodal, pas de grande dame, en effet, qui ne se sente l’âme d’un ambassadeur, d’un tribun du peuple, d’un ministre, d’un général en chef. Et leurs prétentions, leurs espoirs, ne sont pas toujours