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la femme que la doctrine cathare dut sa rapide extension. Parmi elles, les plus subtiles théologiennes, les plus ardentes apôtres, les confesseurs les plus convaincus, les martyres les plus courageuses de la foi.

Quand les hordes de Simon de Montfort ont passé, foulant toutes les fleurs d’une civilisation brillante, quand sous l’épée des croisés ou par le bûcher des inquisiteurs la plupart des fidèles ont péri ; quand, à l’exemple des Vaudois réfugiés dans les Alpes, les derniers adeptes gémissent en l’âpre montagne, des femmes encore les conduisent qui soutiennent leur courage et les consolent par l’espérance des triomphes futurs.

Devant la toute puissance de l’orthodoxie servie par toutes les armes terrestres, Vaudois et Albigeois ont succombé. Leurs idées demeurent, et, parmi elles, celle de l’affranchissement féminin. Voilà même cette dernière conception qui se précise. Et à la fin du treizième siècle, à Milan, une petite secte ignorée lui donne, tout en restant, bien entendu, sur le plan religieux, une netteté que nul féministe moderne ou contemporain ne dépassera.

C’est une opinion assez commune, au cours du treizième siècle, que le Christ, par la faute de son vicaire terrestre, n’a pu qu’accomplir en partie sa mission de paix et d’amour. La fin de son règne est proche. Et comme le Dieu de l’Ancien Testament a cédé sa place au Christ, le Christ à son tour s’effacera devant un nouveau rédempteur qui, abolissant