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Tout ceci est très humain, et d’autres auteurs, à d’autres époques, en d’autres lieux, ont donné aux femmes d’identiques conseils.

Voici, en outre, d’autres recommandations, bien chinoises celles-là : la femme doit obéissance et respect non seulement à son mari, mais à son beau-père, à sa belle-mère, à son beau-frère et à ses belles-sœurs. Nulle désillusion pour elle si elle se souvient qu’elle aura toujours à souffrir de ceux avec qui elle a à vivre, si elle vise non le bonheur, interdit à son sexe, mais seulement la tranquillité.

Que d’amertume dans cette résignation ! Et ne sent-on pas souvent dans les conseils de Hoeï-Pan de l’ironie et le bouillonnement forcément contenu de l’indignation ? Parfois, d’ailleurs, cette indignation éclate. On exige, dit-elle, des femmes, la vertu. Mais comment, cette vertu, la connaîtront-elles ? Par la simple routine familiale ? « Je dis, moi, que cela ne suffit pas. Les pères et les mères n’ont d’yeux que pour leurs fils. Ils s’empressent de leur donner des maîtres dès qu’ils les jugent en état de recevoir des leçons… mais à peine daignent-ils penser à leurs filles. Pourquoi refuser à celles-là ce qu’ils prodiguent à ceux-ci ? puisque les uns et les autres ont également des passions à vaincre, des défauts à corriger, des vertus à acquérir… Il semble que tout se ligue pour concourir à l’imperfection d’un sexe qui, de sa nature, n’est que trop imparfait. » Ainsi, tout comme la poétesse grecque Phintys, Pan-Hoeï-Pan réclame pour la femme l’instruction morale et philosophique ; comme elle et comme les féministes modernes, elle pose en principe que les devoirs supposent des droits ; comme Christine de