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Lumières féminines de l’Islam. — L’islam a-t-il enchaîné ou affranchi la femme ? Question à laquelle, non plus que pour l’influence du christianisme sur la liberté féminine, on ne saurait répondre simplement par oui ou par non.

L’Orientale avait bien perdu, il est vrai, à l’heure où apparut Mahomet, de cette liberté qu’aux heures primitives de l’histoire elle avait pleinement exercée. Et la femme d’Arabie, en particulier, considérée à sa naissance comme le fruit de la malédiction divine, souvent tuée comme un encombrant animal, mariée toujours contre sa volonté, ne jouissait certes pas de privilèges fort enviables.

Mais chez les contemporains d’Antar et d’Imroulcays, une chevalerie barbare donne aux soldats-poètes, aux troubadours, qui dans l’Orient mystérieux semblent des préfigurations de Richard Cœur de lion et de Guillaume d’Aquitaine, la passion violente et parfois respectueuse de la femme, et aux foires qui, à la Mecque, à Médine et dans les principales cités arabes, réunissent, sous les draperies de soie verte brodées en lettres d’or des plus belles stances, l’élite des guerriers et des poètes, l’allure de cours d’amour. Et, enchaînée, mais néanmoins flattée, adulée, la femme arabe tient parfois, avant Mahomet, une grande place dans la société.

Les voici dans les batailles, chantant, pour exalter le courage des guerriers, la belle et sauvage chanson

Nous sommes les belles filles de l’étoile du matin ;
Les perles nous ornent le cou,
Le musc parfume nos chevelures ;
Les lâches qui fuient, nous les dédaignons.