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La chevalerie exalte la femme et l’amour. — La chevalerie est d’inspiration ecclésiastique. En transformant cette carrière des armes, obligation et plaisir du seigneur féodal, en une mission quasi analogue à celle du prêtre ; en faisant de l’investiture militaire un sacrement, l’Église tend à imposer au barbare, qui n’a admis jusqu’ici de droit que la force, la supériorité de l’idéal moral. Ce but, la femme à toute époque se l’est proposé. Et au treizième siècle, comme au dix-septième, l’influence féminine contribue puissamment à faire sortir des limbes féodales une société intelligente et polie. Les cours d’amour réalisèrent alors ce que firent plus tard les salons des Précieuses. Dans la lutte qu’il entreprit pour la civilisation, le clergé trouva donc dans la femme une précieuse alliée. Alliée toute-puissante bientôt et dont l’influence éclipsera celle même de l’Église.

C’est que, considérée d’abord comme l’un de ces êtres faibles que le chevalier doit protéger contre l’injustice, la femme apparaît bientôt — est-ce uniquement par suite du développement du culte de la Vierge ? — est-ce par suite de la réapparition de l’antique mysticisme oriental ? — comme un être d’une autre essence que l’homme, placé sur un plan supérieur, plus près du divin. Elle est le mobile des grandes actions de l’homme, de ces grandes actions qu’on accomplit par amour.