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doute, le mysticisme de ses contemporains, la simplicité relative de l’art militaire rendaient possible une entreprise qui eût paru en d’autres temps une ridicule gageure ; mais surtout, on était habitué à voir une femme manier l’épée, vivre au milieu des soldats. Exceptionnelle par le talent, la valeur morale, la hauteur du but qu’elle poursuit, la plus grande, la plus touchante de nos héroïnes reste, par son activité guerrière, une femme de son temps et de son pays. Comme elle exprime le sentiment de la patrie qui, fait d’abord d’aspirations inconscientes et confuses, est assez fort pour briser enfin le joug anglais, elle est l’aboutissant magnifique de toutes celles qui, reines, baronnes ou femmes du peuple, en pleine lumière de l’histoire, dans la pénombre de la chronique ou dans une obscurité totale qu’à peine perce une lueur, ont, pour des buts moins hauts, saisi les armes et prouvé que le courage et le mépris de la mort ne sont pas l’apanage essentiel du sexe masculin.

La femme et le gouvernement local. — Plus fréquente encore que la guerrière est la femme qui, sur son fief, exerce tous les droits, tous les pouvoirs, toutes les fonctions jugées aujourd’hui masculines qui, par définition, appartenaient au possesseur du fief. Veuve ou fille, en effet, pour le compte de ses enfants ou pour son compte personnel, elle tient son fief comme un héritage, et comme tel l’administre. Mariée même, elle est souvent seule au château, seule sur ses domaines. Son mari guerroie contre ses