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LETTRE ET PROFESSION DE FOI D’HÉLOÏSE A ABÉLAJU). 547

la loi qui dit : « Vous ne monterez pas par des degrés à mon autel. » Or, celui-là monte par des degrés à l’autel de Pieu, qui place une personne de la Trinité avant ou après les deux autres. Je reconnais aussi que le Saint-Esprit est consubstantiel et égal en toutes choses au Père et au Fils, ainsi que je l’ai attesté dans mes divers ouvrages, en le désignant sous le nom de Bonté suprême. Je condamne Sabellius qui, faisant du Père et du Fils une seule et même personne, pense que le Père a aussi souffert la passion ; ce qui a fait donner à ses sectateurs le nom de patripassiens. Je crois aussi que le Fils de Dieu a été fait Fils de l’homme, et que sa per- sonne comprend les deux personnes et les deux natures. Je crois qu’après avoir accompli la destinée de l’humanité qu’il avait revêtue, il a souffert, il est mort, il est ressuscité, il est monté au ciel, et qu’il viendra juger les vivants et les morts. J’affirme que tous les péchés sont remis dans le bap- tême, que nous avons besoin de la grâce pour commencer le bien et pour l’accomplir, et que nous pouvons nous relever de la chute par la pénitence. Ai-je besoin de parler de la résurrection de la chair, puisque je n’aurais nul sujet de me glorifier d’être chrétien, si je ne croyais à la résurrection ?

Telle est la foi dans laquelle je suis établi, et sur laquelle je fonde la fer- meté de mon espérance. Solidement retranché dans cette croyance, je ne crains pas les aboiements de Scylla, je me ris des abîmes de Charybde ; je n’ai pas peur des mortels accents des Sirènes. Se déchaîne la tempête, elle ne m’ébranlera pas. Soufllent les vents, ils ne m’émeuvront pas, car je suis établi sur le roc.

FIN DE LA PROFESSION DE FOI D'ABÉLARD.