Page:Abelard Heloise Cousin - Lettres II.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée
HYMNES D’ABÉLARD.

539

Écritures, bien que certains psaumes portent le nom d’hymnes ou de saints cantiques, divers auteurs s’en sont occupés en divers écrits, et l’on fit des chants spécialement appropriés aux temps, aux heures, aux fêtes ; ce sont ces chants qu’aujourd’hui nous appelons proprement des hymnes, bien que anciennement on appelait hymnes ou psaumes tous les chants à la louange de Dieu, composés suivant un rhythme ou mètre régulier. C’est ainsi qu’au chapitre dix-sept du deuxième livre de son Histoire ecclésiastique, Eusèbe de Césarée rappelant l’éloge que le savant juif Philon faisait de l’Église d’Alexandrie, à l’époque de saint Marc, ajoutait entre autres choses… Et un peu plus bas, au sujet de psaumes nouveaux qu’on composait, il écrivait : « Ainsi, non-seulement, ils comprennent les hymnes subtiles des anciens, mais ils en composent eux-mêmes de nouvelles à la louange de Dieu, les chantant dans toutes les mesures, sur tous les tons, avec une harmonie assez pure et suave. »

Sans doute, il n’y a rien d’extraordinaire à donner le nom d’hymnes à tous les psaumes composés en hébreu suivant certain rhythme et certaine mesure, avec une harmonie douce comme le miel, ce nom rentrant même dans la définition de l’hymne, telle que nous l’avons donnée dans notre première préface ; mais comme les psaumes, en passant de l’hébreu dans une autre langue, ont perdu leur rhythme et leur mesure, c’est avec raison que l’Apôtre, écrivant aux Éphésiens, qui sont des Grecs, a distingué les hymnes des cantiques.

C’est au sujet de ces hymnes, chères filles en Jésus-Chrit, que vous avez plus d’une fois sollicité notre faible génie par vos prières, en ajoutant les causes qui vous paraissaient justifier votre demande ; et nous avons déjà, en partie, répondu à cette demande avec la grâce de Dieu. Le livre précédent comprend, en effet, des hymnes quotidiennes de fêtes, dont l’ensemble peut suffire aux exercices de toute une semaine. Elles sont composées, il importe que vous le sachiez, de telle sorte qu’il y a double chant et double rhythme, une mélodie commune pour tous les nocturnes, une autre pour les diurnes ; et de même du rhythme. Nous n’avons pas omis non plus l’hymne des grâces après le repas, hymne dont il est écrit dans l’Évangile : « Et ils sortirent, l’hymne récitée. »

Quant aux hymnes qui précèdent, elles ont été toutes composées dans cette pensée que les nocturnes doivent contenir les œuvres des fêtes qu’elles rappellent, et les diurnes, l’exposition allégorique ou morale de ces œuvres : en sorte que l’obscurité de l’histoire soit réservée pour la nuit, et la lumière de l’exposition pour le jour.

Il me reste maintenant à vous demander de m’aider par vos prières, afin que je puisse vous envoyer le petit présent que vous souhaitez.

(Suivent trente-une hymnes.)