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QUESTIONS DHÉLOlSE ET RÉPONSES D’ABÉLARD. 513

par sa Passion, puisque ailleurs nous avons sur les martyrs une pensée générale déterminée par cette parole de Dieu : « Celui qui aura perdu sa vie pour moi me trouvera. »

Saint Augustin, dans son troisième livre sur la Concordance des Évangé- listesy résout ainsi la diversité des versions au sujet du reniement de saint Pierre. Ce que dit saint Marc, il le rapporte à l’expression du reniement ; ce que disent les autres, à la résolution de l’âme de Pierre, déjà frappée et troublée par l’effroi, si troublée qu’il était prêta renier une troisième fois, avant que le coq chantât.

Que si l’on demande pourquoi le Seigneur dit qu’il reniera trois fois et non quatre ou davantage, — ce qu’en raison de son effroi Pierre était prêt à faire, —je crois trouver quelque explication du nombre trois dans cette raison que ce nombre est le mode et le terme de tout reniement. Quiconque renie le Christ le fait | ar erreur, par crainte, ou par présomp- tion. Quand donc le Seigneur dit que Pierre le reniera trois fois, il veut faire entendre qu’il est prêt à toutes les sortes de reniement. Car il n’était pas douteux, d’après ce qu’il avait vu faire au Seigneur, avant de le renier pour la première fois, qu’il fût tombé avec tous les autres dans le scandale du désespoir : faute dont il fut pardonné plus tard par la grâce de Dieu, et qu’il pleura de toutes les larmes de la pénitence.

Puis peut-être n’est-il pas déraisonnable de dire que le premier chant du coq, après le premier reniement de Pierre, ne fut pas naturel ? un coq qui se trou\ait là aura été, sans doute, réveillé avant l’heure par quelque bruit, celui de Pierre sortant ou celui des passants, et il aura chanté. Mais ce premier chant n’était pas naturel ; il était l’effet d’un accident. Ce n’est pas sans raison que le Seigneur a disposé les choses de telle sorte qu’au pre- mier reniement de Pierre, le coq, comme pour convaincre Pierre, chantât, et que cet avertissement ne l’empêchât pas de continuer à le renier : il voulait que la vérité apparût dans tout sou jour. Lors donc que le Seigneur prédit que Pierre le renierait trois fois avant que le coq chantât, il a voulu qu’on entendit par là l’heure cl le chant naturel du coq. Saint Marc qui seul a écrit h deux fois, 9 a confondu le chant naturel et le chant accidentel du coq.

QUARANTIÈME QUESTION d’hÉLOÏSE.

D’où vient que les animaux seuls et les oiseaux sont cités comme ayant été amenés dans le Paradis à Adam, afin qu’il vît à leur donner un nom, et qu’il n’est pas question des reptiles de terre comme les serpents, ou des reptiles d’eau comme les poissons ?

Réponse d’Abélard.

Nous croyons que c’est un symbole mystérieux parfaitement exact. En

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