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QUESTIONS D’HÉLOlSE ET I\ El’ON SES D’ABÉLARD. 400

l’observation de ses préceptes : c Aucun sexe ne sera stérile, ni dans ta famille, ni dans tes troupeaux. >• Quant à ce qu’elle dit ensuite : « Je n’ai point bu de vin ni rien de ce qui peut enivrer, » cela exprime la perfection souveraine d’une femme1 laïque ou mariée. Et si Anne obsen ait cette absti- nence, afin que le Seigneur prêtât une oreille plus bienveillante à la de- mande qu’elle lui adressait d’être mère, combien mieux cette abstinence convient-elle à des vierges du Christ, qui travaillent à un fruit spirituel et s supérieur ?

Il appelle spécialement filles de Bélial celles que le diable engendre comme sa famille propre. L’ivresse, en effet, détruit l’équilibre de l’unie et efface, tout ce que nous portons en nous, par la raison, de l’image de Dieu. Elle nous rend semblables aux bêtes de somme privées de raison ; nous devenons comme le cheval, comme le mulet, auxquels manque l’intelli- gence. On appelle l’antique ennemi diable, parce qu’il vient d’en haut ; Zabulus ou Satanas, parce qu’en latin ce mol signifie adversaire ou traître ; et Bélial, parce qu’il est hors de tout joug : nom qui lui est justement attri- bué ici à l’égard de ceux qui se livrent à l’ivresse ; les gens ivres étant comme des fous qui ne sont soumis à aucun joug de Dieu ou de la disci- pline. Il appelle donc filles de Bélial celles qui sont telles que l’ont décrit les folles prétresses consacrées à Bacchus.

TREKTE-DEUXIÈXE QUESTION d’uÉLOÏSB.

Que signifie ce passage sur Anne : i Sou visage, dès lors, ne revêtit plus d’expressions diverses ? »

Réponse iVAbélard.

Cela signifie que, dès lors, elle ne montra jamais plus qu’un visage gai, et point triste ni désolé.

TRENTE-TROISIÈME QtESTIOM d’hÉLOÏSE.

Que signifie encore ce passage : « Anne fit une oraison* et dit : « Mou cœur s’est exalté dans le Seigneur ? » Celle hymne a plutôt la forme d’une action de grâces, ou même d’une prophétie, que d’une oraisou.

Réponse d’Abèlard.

Si je ne me trompe, Anne a placé l’oraison avant l’hymne, afin que son hymne ou action de grâces fût plus agréable à Dieu. Le mot : « Elle pria » précède donc l’oraison ; et elle dit de l’hymrc : « Mon cœur s’est exalté dans le Seigneur. » En effet, c’est la coutume de l’Église de placer une orai- son avant chacune des hymnes qui doit être chantée, tous les jours» en l’honneur de Dieu.