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QUESTIONS D’HELOlSE ET RÉPONSES D’ABÉLARD. 420

thieu, état venue avec elle et qui s’approcha, craignant encore les gardiens qui étaient là ; et toutes deux furent consolées, tandis qu’au tremblement de terre et à l’apparition de l’ange assis sur la pierre qu’il avait fait rouler, les gardiens furent effrayés et tombèrent comme morts. Pendant que, selon l’ordre de l’ange, elles allaient porter la nouvelle aux disciples, Jésus, leur apparaissant pour la deuxième fois, vint à leur rencontre. Les autres femmes, moins fermes et plus faibles dans la foi, ne méritèrent pas de voir le Seigneur ; mais elles apprirent seulement, par l’apparitiou des anges, qu’il était ressuscité. Gomme elles n’étaient pas toutes également sûres du fait, elles commencèrent toutes par se taire, et différèrent de porter la nouvelle aux apôtres, toutes tremblantes encore et saisies d’effroi de l’apparition des anges, et craignant qu’on ne les crût pas, jusqu’à ce qu’un plus grand nombre de témoins pût confirmer la chose. Ce n’est doue que plus tard, ainsi que le rapporte saint Luc, que Madeleine elle-même, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres femmes qui étaient avec elles, racontèrent le fait aux apôtres. Pierre, plus ferme dans la foi que les autres, qui demeuraient incrédules, courut de nouveau au tombeau, et là, ne voyant ui les anges ni le Seigneur, il revint frappé de stupeur. Comme il s’étonnait que les auges et le Seigneur se fassent montrés aux femmes plutôt qu’aux disciples, nous croyons que Dieu, ne voulant pas le laisser longtemps dans le doute et le déses- poir, lui apparut alors, conformément au récit de saint Luc, d’après lequel les apôtres disent « que le Seigneur se leva devant Simon en vérité, et lut apparut. » Quant à l’indication de saint Mathieu et de saint Luc, que « ce fut dans la soirée du sabbat, » nous entendons par là la fin du sabbat, c’est-à-dire la nuit suivante jusqu’au dimanche. La soirée qui commence à luire le jour du sabbat est, en effet, la soirée qui se prolonge jus |u’à la clarté du jour sui- vant. Le mot « qui commence à luire, » est une expression féminine. Par le soir, il faut entendre la nuit. « Qui commence à luire » signifie qui touche à la clarté. Le soir veut dire la dernière heure. La soirée, c’est tout le temps de la nuit suivante. ,

SIXIÈME QUESTION d’uÉLOÏSE.

Pourquoi le Seigneur, livrant et recommandant aux disciples les sa- crements de son corps et de son sang, ne dit-il pas de son corps : « Ceci est mon corps, le corps du nouveau Testament, 0 après avoir dit de son sang : « Ceci est mon sang, le sang du nouveau Testament, 1 comme s’il eût voulu recommander son sang plutôt que sa chair ? Que signifie encore ce passage :

  • Je ne boirai plus 4e ce jus de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai de nou-

veau avec vous dans le royaume de mon Père ? »

Réponse (TAbélard. Le corps de Jésus-Clirist compris dans le sacrement, c’est l’humanité qu’il