Page:Abelard Heloise Cousin - Lettres I.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pensait que les diaconesses devaient recevoir leur nom de leur service plutôt que de leur rang, selon que le Seigneur l’a lui-même institué et par ses exemples et par ses paroles. « Celui qui est le plus grand parmi vous, dit-il, sera votre serviteur. » Et encore : « Quel est le plus grand, de celui qui est à table ou de celui qui sert ? Pour moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Et ailleurs : « De même que le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. »

Aussi saint Jérôme osa-t-il, fort de l’autorité du Seigneur, censurer énergiquement ce nom d’abbé dont il avait appris que quelques-uns se faisaient gloire. Il rappelle ce passage où il est écrit, dans l’épitre aux Galates : « Clamantem : Abba pater. » — « Abbé, dit-il, est un mot hébreu qui signifie père. Puis donc qu’il a cette signification en langue hébraïque et syriaque, et que le Seigneur ordonne dans l’Évangile que nul ne soit appelé père, si ce n’est Dieu, j’ignore de quelle autorité nous donnons ou nous laissons donner ce nom à d’autres dans les monastères. Assurément celui qui avait établi ce précepte est le même qui avait défendu de jurer. Si nous ne jurons pas, ne donnons donc pas non plus à personne le nom de père ; ou bien, si nous assignons un autre sens à ce titre de père, nous serons forcés de changer de sentiment aussi sur la défense de jurer. »

Il est certain que parmi ces diaconesses était Phœbé, que l’Apôtre recommande avec zèle aux Romains, et en faveur de laquelle il les supplie. « Je vous recommande Phœbé, notre sœur, dit-il, qui est attachée au service de l’Église de Cenchrées, afin que vous la receviez au nom du Seigneur d’une manière digne des saints, et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous ; car elle en a elle-même assisté plusieurs, et je suis du nombre. » Cassiodore et Claude, en expliquant ce passage, estiment qu’elle était diaconesse de cette Église. « L’Apôtre, dit Cassiodore, fait entendre qu’elle fut diaconesse de l’Église mère, selon l’espèce d’apprentissage militant qui est encore en usage aujourd’hui chez les Grecs ; et cette Église ne leur refuse pas non plus le pouvoir de baptiser. » — « Ce passage, dit Claude, prouve que les femmes ont été attachées par l’autorité apostolique au service de l’Église, et que ces fonctions ont été confiées dans l’Église de Cenchrées à Phœbé, que l’Apôtre loue et recommande si hautement. »

Le même Apôtre, dans sa lettre à Timothée, comprenant les femmes parmi les diacres, les soumet à la même règle de vie. Là, en effet, réglant la hiérarchie des services ecclésiastiques, après être descendu de l’évêque aux diacres, il dit : « Que les diacres également soient chastes, point doubles dans leurs paroles, point adonnés au vin, point avides d’un gain honteux ; qu’ils conservent le mystère de la foi dans une conscience pure ; » puis : « Qu’ils soient soumis préalablement à une épreuve, et qu’ils ne soient admis au saint ministère que s’ils sont sans reproche. Que les femmes aussi soient chastes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. Qu’on prenne pour diacres ceux qui n’ont épousé qu’une seule femme, qui ont