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venant à leur rencontre, les salua ; il voulut, par cette apparition et ce salut, leur montrer combien il avait pour elles de sollicitude et d’amour. Nous ne voyons pas, en effet, qu’il ait jamais employé vis-à-vis de qui que ce soit cette formule : « Je vous salue. » Bien plus, il l’avait interdite à ses disciples, en leur disant : « Vous ne saluerez personne dans le chemin. » Il semble qu’il eût voulu réserver pour les saintes femmes ce privilège, et en faire lui-même l’application lorsqu’il jouirait de la gloire de l’immortalité.

Les Actes des Apôtres, lorsqu’ils rapportent qu’aussitôt après l’ascension de Notre-Seigneur ses disciples revinrent du mont des Oliviers à Jérusalem, et qu’ils décrivent fidèlement le pieux zèle de leur sainte communion, ne passent pas non plus sous silence la fermeté du dévouement des saintes femmes. « Ils étaient tous, est-il dit, persévérant unanimement en prières avec les femmes et Marie, mère de Jésus. »

II. Mais ne parlons plus des femmes juives, qui, converties à la foi, du vivant du Seigneur et par sa parole, ont jeté les bases du genre de vie que vous avez embrassé ; voyons les femmes grecques que, dans la suite, les Apôtres convertirent. Avec quelle attention, avec quelle sollicitude ne les traitèrent-ils pas ! Pour les servir, c’est le glorieux enseigne de la milice chrétienne, c’est Étienne, le premier martyr, qu’ils constituèrent avec quelques autres personnages inspirés de Dieu. D’où il est écrit dans les mêmes Actes : « Le nombre des disciples se multipliant, un murmure s’éleva des Grecs contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient mal traitées dans la répartition des secours de chaque jour. Et les douze Apôtres, ayant convoqué tous leurs disciples, dirent : il n’est pas juste que nous quittions la parole de Dieu pour nous occuper du service des tables. Choisissez donc parmi vous, mes frères, sept hommes d’une réputation sans tache, remplis de sagesse et de l’Esprit-Saint, pour que nous les préposions à ce soin ; quant à nous, nous nous livrerons exclusivement à la prière et au ministère de la parole. Et ce discours plut à toute l’assemblée, et ils choisirent Étienne, qui était plein de foi et de l’Esprit-Saint, avec Philippe, et Prochore, et Nicanor, et Timothée, et Parménas et Nicolas d’Antioche ; ils les amenèrent aux pieds des Apôtres, qui leur imposèrent les mains en priant. » Grande preuve de la continence d’Étienne, que d’avoir été choisi pour veiller aux besoins et aux désirs des saintes femmes ; grande preuve aussi de l’excellence de ce ministère et de ses mérites aux yeux de Dieu comme aux yeux des Apôtres, que cette prière spéciale, cette imposition des mains, par lesquelles les Apôtres semblaient adjurer ceux qu’ils y commettaient de s’en acquitter avec zèle, en leur apportant l’appui de leurs prières et de leurs bénédictions.

Saint Paul ne réclamait-il pas lui-même cette fonction comme la plénitude de son apostolat ? « N’avons-nous pas, dit-il, comme les autres Apôtres, le pouvoir de mener avec nous une femme qui soit notre sœur ? » C’est