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LETTRES D’ABÉLARD ET D’HÉLOÏSE.

Que devons-nous faire à l’égard de la lecture de l’Évangile pendant les vigiles nocturnes ? Il me semblerait dangereux d’admettre auprès de nous, à une telle heure, des prêtres ou des diacres pour faire cette lecture ; car ce que nous devons particulièrement éviter, c’est l’approche et la vue des hommes, afin de pouvoir nous donner plus sincèrement à Dieu, et aussi pour être moins exposées à la tentation.

À vous, ô maître, tandis que vous vivez, à vous d’instituer la règle que nous devons suivre à toujours. Car c’est vous, après Dieu, qui êtes le fondateur de cet asile ; c’est vous qui, par la main de Dieu, avez été le planteur de notre communauté ; à vous donc d’être, avec Dieu, le législateur de notre ordre. Peut-être aurons-nous, après vous, un chef qui bâtirait sur des fondements qu’il n’aurait pas jetés. Il aurait par là même, nous en avons la crainte, moins de sollicitude pour nous. Peut-être aussi trouverait-il en nous moins de soumission. Eût-il mêmes intentions enfin, il n’aurait pas même pouvoir. Parlez-nous, vous, et nous écouterons. Adieu.