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vérance que nous excite vivement la parabole du Seigneur, « Qu’il persévère, est-il écrit, à frapper à la porte ; je vous le dis, et son ami, qui ne lui donnerait rien à titre d’ami, se lèvera fatigué de son importunité et lui étonnera tout ce dont il en aura besoin. » Oui, c’est par cette sorte d’importunité de prière que Moïse parvint à adoucir la rigueur de la justice divine et à faire changer ses arrêts.


IV. Vous savez, ma très-chère sœur, quelle ardeur de charité votre couvent tout entier témoignait jadis pour moi dans ses prières en ma présence. Tous les jours, pour clore les heures canoniales, une prière était offerte à mon intention, et, après avoir chanté l’antienne et le répons, des prières et une collecte étaient récitées, dont voici les termes :

« Répons : Ne m’abandonnez pas, ne vous éloignez pas de moi, Seigneur.

« Verset : Soyez toujours prêt à me secourir, Seigneur.

« Prière : Préservez de tout danger, mon Dieu, votre serviteur qui espère en vous. Seigneur, prêtez l’oreille à ma prière et que mon cri vienne jusqu’à vous.

« Oraison : Dieu, qui par la main de votre humble serviteur avez daigné rassembler en votre nom vos humbles servantes, nous vous prions de lui accorder ainsi qu’à nous de persévérer dans votre volonté. Par Notre-Seigneur, etc. »

Aujourd’hui que je suis loin de vous, l’assistance de vos prières m’est d’autant plus nécessaire que je suis en proie aux angoisses d’un plus grand péril. Je vous supplie donc et je vous demande, je vous demande et je vous supplie de me prouver que votre charité pour l’absent est sincère, en ajoutant à la fin de chaque heure canoniale :

« Répons : Ne m’abandonnez pas, Seigneur, père et maître absolu de ma vie, de peur que je ne tombe devant mes adversaires et que mon ennemi ne se réjouisse de ma perte.

« Verset : Saisissez vos armes et votre bouclier, et levez-vous pour ma défense, de peur que mon ennemi ne se réjouisse.

« Prière : Préservez de tout danger, ô mon Dieu, votre serviteur qui espère en vous. Envoyez-lui, Seigneur, votre secours du Saint des saints. Du haut de Sion, protégez-le. Soyez pour lui, Seigneur, une imprenable forteresse devant ses ennemis. Seigneur, prêtez l’oreille à ma prière et que mon cri vienne jusqu’à vous.

« Oraison : Ô Dieu, qui par la main de votre serviteur avez daigné rassembler en votre nom vos humbles servantes, nous vous en supplions, protégez-le contre tous les coups de l’adversité, et rendez-le sain et sauf à vos humbles servantes. Par Notre-Seigneur, etc. »

V. S’il arrive que le Seigneur me livre aux mains de mes ennemis et que