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par des faits la parole de l’Apôtre que nous avons rappelée plus haut : « les femmes obtinrent la résurrection de leurs morts. »


C’est à une veuve, en effet, que le Seigneur, touché de compassion, rendit son fils, aux portes de Naïm. Lazare aussi, Lazare qu’il aimait, c’est à la prière de ses sœurs Marthe et Marie qu’il le ressuscita. Quand il accorda la même grâce à la fille du chef de la synagogue, cette fois encore, ce sont « des femmes qui obtinrent la résurrection de leurs morts ; » car, par sa résurrection, la fille du chef de la synagogue avait recouvré sur la mort son propre corps, de même que les autres avaient recouvré les corps de ceux qui leur étaient chers. Bien peu de personnes avaient réuni leurs prières, et cependant elles obtinrent cette résurrection ! Les nombreuses et communes prières de votre piété obtiendront donc aisément la conservation de notre vie. Plus Dieu a pour agréable le vœu de pénitence et de chasteté fait par les femmes vouées à son service, plus elles le trouvent propice à leurs prières. Ajoutez que la plupart de ceux qui furent ressuscités n’étaient peut-être pas des fidèles. Ainsi on ne dit pas que la veuve de Naïm, à laquelle le Seigneur rendit son fils, ait vécu dans la foi ; tandis que nous, outre le lien de la foi qui nous unit, nous sommes associés par la communauté des vœux.

III. Mais laissons de côté votre sainte congrégation, dans laquelle tant de vierges et de veuves portent pieusement le joug du Seigneur : c’est à vous seule que je m’adresse, à vous dont la sainteté est certainement très-puissante auprès de Dieu, et qui me devez votre secours la première dans les épreuves d’une si grande adversité. Souvenez-vous donc, dans vos prières, de celui qui est proprement à vous, et ayez d’autant plus de confiance dans l’expression de votre prière, qu’ainsi que vous le reconnaissez vous-même, elle n’a rien que de légitime et qui ne puisse être, par là même, agréable à celui qu’il faut implorer.

Écoutez, je vous en prie, avec l’oreille du cœur, ce que vous avez souvent entendu avec l’oreille du corps. Il est écrit dans les Proverbes : « La femme vigilante est une couronne pour son mari. » Et ailleurs : « Celui qui a trouvé une femme bonne a trouvé un véritable bien, et il a reçu du Seigneur une source de joie. » Et ailleurs : « La maison, les richesses sont données par les parents ; mais c’est Dieu seul qui donne une femme sage. » El dans l’Ecclésiastique : « Heureux le mari d’une femme bonne ! » Et quelques lignes plus bas : « Une femme bonne est un bon partage. » Et enfin, au témoignage de l’Apôtre, « l’époux infidèle est sanctifié par l’épouse fidèle. »

La grâce divine nous a particulièrement fourni dans notre royaume de France une expérience mémorable de cette vérité, quand le roi Clovis, converti à la foi du Christ par la prière de son épouse plutôt que par les prédications des saints, soumit tout le royaume à la loi divine, afin que l’exemple des grands invitât les petits à persévérer dans la prière. C’est à cette persé-