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fait couler le temps insensiblement, Sc qui nous fait être dans lignorance de nous.même, a des charmes pour nous ; Voyés ce Joueur qui passe fa vie entiere dans un passage continuel de la joye à la tristesse, de lesperance à la crainte ; Qui luy ôteroit la succession turbulente de ses pensées & de ses diverses agitations, luy ôteroit assurément le plaisir de la vie : mais n’en soyés pas surpris. Cette agitation l’occupe & c’est asses. II se croit heureux, pourvu qu’il puisse se dispenser de réfléchir sur fa misère. D’ailleurs lesperance le flate au milieu même de la perte, & son ame est si flexile à suivre toujours les veiies qui luy font agreables, que quand il gagne, il ne croit pas pouvoir perdre, & quand il perd, il ne se remplit que de lesperance de gagner. Ainsi en est il des diverses processions, qui partagent les hommes. Le bien & le mal s’y suivent tour à tour, & y sont enchaînés, comme lexperience ne nous le fait que trop bien connoître : mais nôtre ame est constante a n’attacher ses regards qu’à ce qui la flate, & quand 9cw elle