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qu’on redoute le Jugement de Dieu, qui accompagne la mort. Car il est certain que ce jugement ne peut être que terrible à une conscience, qui se sent chargée de divers pechés ; & où est l’homme qui ne se trouve dans cet état, pour peu de reflexion qu’il fasse sur sa vie passée ? Il est vray que ce moment est redoutable, duquel on conçoit que dépend toute l’éternité : mais certainement le cœur de l’homme se fait aussi en cela diverses illusions. Il s’imagine que c’est le moment de la mort, qui est le prix de la vie éternelle ; & il ne voit pas que ce n’est pas ce moment : mais toute sa vie que Dieu demande, que ce moment n’a en soy rien qui soit plus agreable à Dieu & que toute son importance consiste simplement en ce qu’il est le dernier moment, & qu’enfin ce n’est point ce moment qui contracte avec la justice de Dieu : mais tout le temps qu’on a passé dans l’impénitence.

Le sentiment donc de nôtre immortalité, de nos perfections, & de nôtre fin s’accorderont admirablement bien,