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connoître Soy-meme.

la il s’ensuit qu’il dépendoit de Dieu, en formant l’homme, de faire que celui-cy s’aymât, ou ne s’aymât point, puis qu’il dépendoit de luy d’attacher, ou de n’attacher point du plaisir à certains objets.

Ainsi l’amour de nous mêmes en soy est un penchant naturel. C’est la nature qui nous fait aymer le plaisir & haïr la douleur, & par conséquent c’est la nature qui fait que nous nous aymons. Cette inclination n’attend donc pas les réflexions de nôtre esprit pour naître dans nôtre ame ; elle précede tous nos raisonnemens. Les Stoiciens ont merité la moquerie de tous les siecles, s’ils ont eu les sentimens qu’on, leur attribüe. Ils ont prétendu, que l’homme fût sage en cessant d’être homme. C’étoit déja une grande extravagance : mais ils ne manquoient pas moins, en ce qu’ils concevoient quelque force de soiblesse & de bassesse dans ce qu’il y a de plus naturel dans nôtre cœur.

L’amour de nous-mêmes est en second lieu un penchant tout divin dans