Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
L’Art de se

d’idées, qu’elle considere successivement, & d’une infinité de raisonnemens, qui purifient & étendent ces idées, pour nous representer en quelque sorte & autant que nous en sommes capables les perfections infinies de Dieu. Et c’est pour la même raison encore, que Dieu a voulu se communiquer & se faire sentir au cœur de l’homme. Car comme celui-cy desir sans bornes, il peut chercher Ie Souverain bien par cette succession infinie de desirs & d’affections, comme l’imagination & l’esprit le cherchent par la succession infinie d’idées & de raisonnemens ; Dieu ayant mis une espece d’infinité dans l’imagination, dans l’esprit & dans le cœur de l’homme, afin que I’homme fût capable de chercher l’infinité de Dieu.

Il faut avouer que la connoissance de nôtre dignité naturelle nous sert excellement, pour nous défendre de cette basse superstition, qui confond I’objet de nos sens avec celui de nôtre adoration. Tout homme raisonnable doit avoir honte de se prosterner devant des Divinités mortes & insensibles ; mais