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L’Art de se

mes revêtissent les choses exterieures de leurs propres perfections, ç’a été avec une précaution, qui nous empéche de les prendre pour l’objet de nôtre adoration. Car prénes garde qu’il a attaché les sentimens de l’homme les plus vifs, & ceux par conséquent, qui enferment Ie plus de perfection, aux parties de la matiere que nos sens même nous réprésentent comme les moins parfaites. Ce qui Ie chatoüille Ie plus, est ce qui l’abaisse davantage. Le vif sentiment de son excellence est joint avec les plus grandes marques de son abaissement. Car ne doutés point que le plaisir ne soit quelque chose de divin, & qu’il ne fasse au fond un trés grand caractere de l’excellence de l’homme. D’où vient donc, que ce plaisir est plus grand, à proportion qu’il est attaché a des objets plus bas, & cela d’une maniere si sensible, que les idées même confuses suffïisent pour nous le montrer ? C’est que Dieu a voulu nous empécher de prendre pour l’objet de nótre adoration les choses exterieures, voyant combien nous serions portés à les aymer par le