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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

plus importantes du règne végétal ; le deuga, par l’orge et la fève ; le koualla, par le maïs, et surtout les nombreuses variétés de sorgho ou dourah des Arabes ; les kouallas les plus bas, par le coton. Ils désignent aussi comme deuga, mais d’une façon moins absolue, la contrée où les moutons et les chevaux se reproduisent de préférence ; et comme koualla, celle où les chèvres abondent. Par suite du spectacle habituel de contrées hautes et contrées basses, les indigènes sont, en général, assez au courant des productions zoologiques et botaniques dépendantes de la différence des altitudes ; mais celles que je viens de nommer sont celles qu’ils emploient le plus fréquemment.

Les deugas sont balayés par des vents qui, en Afrique, bornent leurs brises rafraîchissantes aux parties élevées de l’atmosphère ; l’air est frais, doux et sec ; les sources sont fréquentes, et la végétation laisse des traces abondantes et vertes pendant presque toute l’année ; les arbres sont d’un bois tendre, et la plupart des arbustes sont inermes, le feuillage est touffu, les feuilles sont légères, souples, de tons variés et doux à l’œil ; le sol est mou, élastique, et pierreux. On voit, dans de vastes pâturages, le poulain folâtrant près des troupeaux de moutons et de bœufs-bisons aux allures majestueuses et au pelage d’une variété inconnue en Europe ; la campagne abonde en grandes perdrix rouges ; le bouquetin prospère aux flancs des précipices, et le sanglier à masque atteint une taille prodigieuse ; les troupes de singes n’y apparaissent que de passage ; les scorpions et les reptiles sont rares ; leur venin est peu dangereux ; l’hyène et le chacal y vivent discrètement, et le grand lion à crinière noire n’y est signalé que de loin en loin.