Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/622

Cette page a été validée par deux contributeurs.
614
NOTE I.

pour les hommes de son temps, il arrive souvent aux chasseurs éthiopiens d’enrouler leur toge autour de l’avant-bras gauche au moment d’attaquer quelque animal sauvage, lorsqu’ils ne l’entourent pas autour de leur ceinture, comme la Diane chasseresse du Vatican. Selon Plaute, la lacinia, ou pan de la toge, servait de mouchoir ; et soit dit à leur discrédit peut-être, les Éthiopiens l’appliquent au même usage. Ils ont aussi une expression correspondant exactement, jusque par sa racine, au mot latin : alticinctus, pour désigner celui qui a disposé sa toge de façon à ce qu’elle atteigne à peine le genou ; comme à Rome, ce mode de vêtement est souvent adopté par les artisans, les paysans et ceux qui font un exercice violent. Les Romains appliquaient l’épithète nudus ou nu à l’homme sans toge, quoiqu’il fût vêtu de l’inductus ou vêtement de dessous ; les Éthiopiens disent également d’un homme, dans ces circonstances, qu’il est nu. Les Romains indiquaient quelquefois l’homme des basses classes par l’épithète de tunicatus, par opposition à togatus, parce que, pour la commodité de ses travaux, le manouvrier se bornait à la tunique, tandis que l’homme aisé restait drapé dans sa toge ; les Éthiopiens désignent quelquefois l’homme affranchi des travaux manuels par une épithète correspondant à togatus. Les expressions latines in sago esse ont leur analogue en éthiopien, et indiquent qu’une personne est dans les alarmes ou dans l’affliction.