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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

succomber. Tout arrive par la permission de Dieu ; si nous ne devons plus nous revoir sur terre, je t’attendrai là-haut. »

Bientôt une lettre de mon frère, datée d’Aden, m’apprit qu’il était encore souffrant et qu’il m’attendait avec impatience. Rien ne me retenait plus désormais ; je quittai Maharessate pour Moussawa, où l’on se trouvait au plus fort de l’été. Les chaleurs étant accablantes, je dus aviser immédiatement à y soustraire mon cheval, sujet d’envie de la part des principaux officiers d’Oubié et cause d’inquiétude continuelle pour mes gens, depuis que j’étais séparé des Dedjazmatchs Guoscho et Birro ; car en quittant les États de ces Polémarques, nous étions entrés dans la catégorie de soldats sans maître, sans protecteur régulier par conséquent, et nous ne dépendions plus que de notre adresse à nous faire bien venir ou à nous faire respecter. Mais il restait à ce cheval bien d’autres aventures à courir. Je le confiai à Jean, auquel l’air et le régime natals devenaient de plus en plus nécessaires, et, comme mon frère m’en exprimait le désir, je le chargeai d’offrir le cheval en son nom à Mgr le prince de Joinville, comme témoignage de sa reconnaissance pour l’attention que ce prince avait bien voulu prêter à ses projets de voyages scientifiques. Ce cheval arriva heureusement, avec son conducteur, à Djeddah, où le consul de France l’embarqua pour Kouçayr. Il fit naufrage sur la côte d’Égypte, se sauva à la nage avec son Basque, et, après plusieurs incidents peu ordinaires, il arriva à Toulon, où, d’après la volonté de son illustre destinataire, il fut remis à Mgr le duc d’Aumale, qui partait pour l’Algérie.

Il me fallut attendre un bâtiment à destination