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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

fût ébruitée, le premier venu aurait pu s’en emparer impunément.

Nous avions appris en route que la guerre commençait entre le Ras, d’une part, et le Dedjadj Guoscho et son fils Birro, de l’autre. Ce dernier avait abandonné son gouvernement du Dambya et était rentré en Gojam, d’où, aidé par son père, il avait chassé les vassaux du Ras, lequel, s’étant assuré la neutralité d’Oubié, marchait contre le Gojam. Ces nouvelles me confirmèrent dans ma résolution de tout tenter pour accomplir ma promesse de retourner auprès du Dedjadj Birro et de son père. De son côté, mon frère désirant continuer son voyage d’exploration, nous arrêtâmes de gagner Gondar en tournant les États d’Oubié, soit par le pays de Harar et le Chawa, où j’étais assuré d’être bien reçu par suite de mes relations avec Sahala Sillassé, gouverneur héréditaire du pays, soit encore par le Sennaar.

Mon frère, sous la conduite d’Ezzeraïe, partit immédiatement pour Moussawa avec ses bagages. Quant à moi, quelque raison que j’eusse de sortir au plus tôt des États d’Oubié, je dus rester à Adwa pour ne point me séparer de mon cheval, que ses soles échauffées par sa longue marche dans le bas pays rendaient incapable de se remettre en route. Les chevaux ne sont pas ferrés, ce qui leur est très-avantageux sous quelques rapports, mais les expose, dans les Kouallas surtout, à la sole battue qu’un repos absolu peut seul guérir. Des amis m’ayant dit qu’on parlait de m’enlever mon cheval, nous nous gardâmes de nuit et de jour de façon à décourager les malveillants.

À Adwa, je retrouvai Jean, qui n’était pas encore parti, et je pus jouir de la société des missionnaires catholiques récemment arrivés.